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La Boîte à outils anti-procrastination

On remet la vie à plus tard et pendant ce temps, elle s’en va - Sénèque

La procrastination est un comportement répandu mais non moins pénalisant et éprouvant lorsqu’il devient fréquent.

S’il trouve une explication directe dans le fonctionnement de notre cerveau – qui tend à éviter l’effort et à préférer le plaisir immédiat aux récompenses futures – il n’est pas une fatalité.

Certaines tactiques permettent d’apaiser la tendance à procrastiner.

Pour autant, il n’existe pas de recette universelle ou miracle ; ce qui va fonctionner dépend de chaque situation, et des déclencheurs de procrastination.

Avant de te partager les bonnes pratiques à expérimenter, je te propose donc un auto-diagnostic, pour comprendre les racines de ta procrastination.

Auto-diagnostic de ta procrastination

Prends un carnet et note pendant quelques jours ce que tu fais quand tu procrastines.

Observe ce qui se passe, en essayant de ne pas juger et sans chercher à changer quoique ce soit à ce stade :

  • Qu’est-ce que tu procrastines ? Quel type de tâches reportes-tu systématiquement (obligations, administratif, projets importants…)?
  • A quelle fréquence procrastines-tu ?
  • Que fais-tu à la place ? D’autres choses dans la liste ? Des choses insignifiantes voire qui te font perdre du temps (distraction, errance sur internet, etc) ?
  • Lorsque tu procrastines : quelles émotions ressens-tu (colère, impuissance, découragement, stress, démotivation, fatigue…?
  • Quel dialogue se joue dans ta tête ? Par exemple : “si je m’octroie 5 min de distraction, après j’aurais l’énergie” (alors que 30 min après tu y es encore) ? “Je m’accorde jusqu’à telle heure de distraction et je m’y mets » « j’ai besoin de me vider la tête et je m’y mets » « ce n’est pas la peine de m’y mettre je n’ai plus le temps aujourd’hui » « je dois d’abord faire ci ou ça » « j’ai encore X étapes avant de m’y mettre ». Etc
  • Ces histoires sont-elles vraies ? Si tu t’accordes 10mn de distraction ou que tu te dis qu’une fois une certaine tâche finie, tu t’y mettras, le fais-tu vraiment ? Ou rempiles-tu sur 10 autres minutes ou une autre tâche de transition ?
  • Qu’est-ce que tu gagnes réellement à procrastiner ? Du plaisir immédiat ? Éviter l’inconfort ? Le risque d’échouer ? Garder le contrôle ? Se rebeller ? Obtenir de l’attention ? Ressentir un sentiment de liberté ?

Comprendre les origines de ta procrastination

A présent, relis tes notes : y a-t-il des fils rouges ? Des éléments récurrents qui te donnent des pistes sur les causes de ta procrastination ?

Pour mettre en place les bonnes pratiques qui te permettront réellement d’apaiser ta tendance à procrastiner, tu as besoin de comprendre ce qui alimente la procrastination.

Voici quelques sources possibles :

1. Le manque de sens

On ne sait pas bien pourquoi on devrait accomplir la tâche qu’on repousse, on ne fait pas le lien avec ses objectifs, ses priorités où on n’en voit pas l’utilité

2. Le manque de motivation :

Parce que la tâche nous ennuie, qu’on n’y trouve pas d’intérêt, pas d’envie. C’est souvent le cas des obligations (reporting, relances, prise de RDV, payer des factures, etc).

Note : C’est normal à petite dose. Si tu te retrouves trop souvent à procrastiner par manque de motivation, il y a peut être un sujet concernant ta mission, ton job en lui-même.

A lire aussi : Les dessous de la motivation : "la vérité sur ce qui nous motive"

3. La difficulté à quitter une tâche plaisante

On est en train de faire autre chose de plaisant.

4. La peur d’échouer ou le sentiment d’incapacité

On doute de ses capacités à réussir ce qu’on doit entreprendre et on préfère ne rien tenter plutôt que d’être mis face à ses limites.

Ou bien ce qu’on est censé accomplir a tant d’importance à nos yeux que la peur de l’échec est très forte. On procrastine pour se protéger et rester dans sa zone de confort. Parfois, c’est aussi qu’on a peur de réussir.

5. Le manque de clarté

Les contours de la tâche à accomplir ou de l’objectif visé ne sont pas clairs, on n’est pas sûr de l’objectif visé.

6. L’ampleur de la tâche

On est découragé d’avance face à l’ampleur de la tâche, on se sent face à une montagne et on se demande bien comment on va parvenir au sommet, même si par ailleurs on sait qu’on a les capacités de le faire.

Par exemple :  entrer à la main 500 contacts dans le logiciel de gestion de clients.

7. On ne sait pas par où commencer

Ce n’est pas tant l’ampleur de la tâche qui nous bloque mais de ne pas savoir par quel bout le prendre pour y arriver.

8. On ne sait plus où donner de la tête

Une todo liste qui déborde, des obligations et des tâches s’empilent, tant et si bien qu’on ne sait même plus que faire en priorité.  Résultat : on ne fait rien. La surcharge de travail est une grande source de procrastination.

9. La peur du choix

On a plein d’envies, plein de projets importants. Pour ne pas avoir à décider, on repousse l’action, en attendant que le temps, les deadlines ou les autres décident à notre place.

10. Le manque d’énergie.

Là, tout de suite, maintenant, on n’a pas du tout envie de faire d’effort, de mobiliser ses neurones ou ses muscles, la seule idée de réfléchir nous fatigue… et pourtant on refuse de prendre une pause, donc on se force à travailler malgré ce manque d’énergie

A lire aussi : Gérer son temps, c'est gérer son énergie (et inversement)

Tactiques en action

Voici une sélection de tactiques et réflexes anti-procrastination.

Il n’y a pas de remède universel. Chaque tactique sera plus ou moins adaptée selon la source de la procrastination et les tâches à accomplir.

De ton côté, lorsque tu t’observes en train de procrastiner, essaie d’identifier l’origine de la procrastination, et pose-toi les questions suivantes :

  • A quel point est-ce difficile de commencer ? Cela dépend notamment de ce que je suis en train de faire et de la difficulté à le quitter, de ce que je ne pourrais pas faire si je fais la tâche prévue. Par exemple si je suis en train de surfer sur les réseaux sociaux, c’est un effort de m’en détacher
  • Quel niveau d’effort je prévois de déployer pour faire cette tâche ?
  • Quel niveau de plaisir je pense que cela va me procurer ?
  • Quel est l’intérêt à finir ? Qu’est-ce que j’y gagne ? Et qu’est-ce que je risque à ne pas le faire ?

Selon tes réponses, tu pourras jouer sur trois tableaux :

  • Minimiser l’effort, tant pour démarrer la tâche que pour la poursuivre
  • Maximiser le plaisir, cultiver l’intérêt, la motivation
  • Visualiser les résultats et les bénéfices à l’action  

Les tactiques

Minimiser l’effort

Les petits pas

Le principe : décomposer en petites étapes la tâche sur laquelle tu procrastines.

Si tu as l’impression de te trouver devant une montagne : transforme-la en petites colinettes beaucoup moins impressionnantes.

Découpe ce que tu as à faire en morceaux au périmètre bien défini qui te semblent atteignables en 2h par exemple (le temps d’un bloc de travail concentré). La colinette dispose désormais d’une série de marches régulières.

Cela te permettra de visualiser un résultat atteignable

A lire aussi : [Outil] Changer selon le principe du Kaizen : lentement mais sûrement

Émietter la tâche

Souvent, réduire le ticket d’entrée (l’investissement en énergie initial) permet de faciliter le passage à l’action.

Si tu as du mal à commencer, découpe ce que tu dois faire en une première tâche toute petite, tellement petite même que cela semblera peut-être ridicule.

Tu dois envoyer 3 mails ? Envoies-en un.

Un c’est trop ? Note-toi d’écrire l’objet dans un brouillon.

Tu dois lire un document de 70 pages ? Lis-en une seule.

Commencer

Pour réussir à commencer une tâche, il suffit parfois de…la commencer.

(tu as bien fait de venir, n’est-ce pas ? )

Plus sérieusement, le moment le plus dur quand on doit s’atteler à une tâche qu’on repousse, ce sont souvent les 15 premières minutes.

C’est là qu’on a le plus envie de décrocher, parce qu’on n’est pas encore dedans, que cela nous coûte de nous y mettre.

Et lorsqu’on arrive à passer cette phase en restant concentré, on prend de l’élan, et cela devient plus fluide.

Un peu comme en vélo : c’est le démarrage le plus dur.

Le principe ?

« Bite the bullet » comme disent les anglais (en français : mordre la balle), mais juste quelques minutes.

C’est-à-dire t’engager à avancer dans ta tâche, mais juste 10 min. En chronométrant.

Au bout de 10 min, avec un peu de chance tu as pris suffisamment d’élan pour commencer. Sinon tu passes à autre chose pendant 10 min et, lentement mais sûrement, tu finiras bien par avancer.

Manger la grenouille

Après la balle, c’est la grenouille (décidément, ils ont de chouettes métaphores les anglophones).

« Eat the frog » est un conseil que l’on retrouve régulièrement dans les techniques de productivité.

Il serait un dérivé d’une citation de Mark Twain :

«Si votre travail consiste à manger une grenouille, il vaut mieux le faire tôt le matin. Et si votre travail consiste à manger deux grenouilles, il vaut mieux d’abord manger la plus grosse. «

On passera sur l’analogie un peu spéciale (j’ose espérer que « manger une grenouille vivante » n’apparaît que rarement dans les todo lists) pour retenir ceci : si on a une tâche que l’on redoute, essayons de la faire en premier le matin.

Sans réfléchir. On commence par celle-là.

Ainsi :

1/ On n’a plus à y penser de la journée

2/ On se sent libéré.e. c’est très bon pour l’énergie

Etablir des routines

Quand on procrastine, « ce n’est pas le bon moment »  est une excuse qui revient souvent.

Ce n’est pas le bon moment, je n’ai pas assez de temps devant moi.

Ce n’est pas le bon moment, je dois faire autre chose de plus urgent avant.

Forcément, comme on n’a pas envie de le faire, on laisse passer les jours et les semaines sans que ce ne soit jamais le bon moment.

Établir des routines peut aider à fixer le bon moment à l’avance et à intégrer plus facilement la tâche à son emploi du temps. Tu économises l’énergie de devoir décider quand tu dois le faire.

Pour cela, ce qui fonctionne bien, c’est de repérer un élément fixe de ta journée, puis d’y coller un nouveau point, tout en gardant une cohérence entre les deux évènements pour que la greffe prenne.

Par exemple : avant mon café du matin, je paye mes factures. En revenant de la réunion d’équipe hebdomadaire, je passe 3 appels de prospection. Les jeudis, je remplis ce nouveau reporting à 15h, juste avant le team building hebdo de 15h30.

Un conseil : n’intègre qu’une seule nouvelle routine à la fois !

Se mettre en condition

Un symptôme courant de la procrastination, c’est qu’on passe un temps fou à se préparer à l’action.

Trouver le bon stylo, le bon carnet, la bonne info, attendre que tout soit en place, que le moment soit parfait, etc.

Pour éviter cette spirale infernale, il s’agit de faciliter le démarrage en évitant d’avoir à prendre de décision :

  • S’appuyer sur l’environnement : désencombrer, simplifier l’environnement. S’assurer qu’on a tout au bon endroit, bien rangé. Désencombrer numériquement aussi, éviter les 23 onglets ouverts
  • Préparer à l’avance le matériel et les outils nécessaires à la tâche qu’on doit faire.  

Rediriger tes impulsions

Réfléchis à une activité ou occupation, à forte valeur ajoutée pour toi, que tu pourrais faire chaque fois que l’envie irrépressible de céder à une distraction (regarder ton téléphone, consulter les réseaux sociaux ou tes mails alors que tu n’en as pas besoin, aller te faire un café…)

Par exemple, dessiner dans un carnet pendant 5mn, lire 5 pages d’un livre, faire un exercice de respiration …

L’idée est de prendre de nouvelles habitudes, qui te font faire quelque chose de vraiment bénéfique pour toi.

A lire aussi : Le mythe du multitasking (et ses effets délétères)

Résister aux sirènes du numérique

Soyons honnêtes, le monde du numérique est un paradis (ou un enfer selon le point de vue) pour les procrastinateurs.

Il nous offre une tentation permanente de distractions qui, en plus d’être à portée de clics, viennent assouvir précisément notre soif de plaisirs immédiats.

Le problème – au-delà du fait qu’il nous dévie de la course prévue – c’est que lorsqu’on cède à la tentation des distractions numériques, cela nous fait rarement du bien. On y passe plus de temps que prévu. On se retrouve à consommer du contenu sur lequel on a atterri on ne sait pas bien comment. Ou bien on se compare aux autres et on culpabilise un peu plus encore de ne pas en faire assez.

Bref, on en tire peu de bénéfices.

C’est un peu comme se gaver de bonbons : plaisir sur le moment, mais zéro intérêt nutritif…et un mal de ventre assuré.

Pourquoi c’est si difficile de s’en détacher ? Parce qu’elles offrent des récompenses immédiates tout en demandant zéro effort. Parce qu’on a l’illusion de devoir mettre à jour le fil de discussion pour ne pas rater quelque chose. Comme si on allait rater quelque chose en 5 min.

Si tu veux cesser d’utiliser le numérique comme échappatoire au travail qui te demande de l’effort, tu as besoin d’apprendre à contrecarrer ces tentatives de séduction. Tel Ulysse, tu as intérêt à mettre en place des tactiques pour ne pas céder au chant des sirènes.

Quelques astuces :

  • Couper les notifications. C’est la base. As-tu vraiment besoin de savoir dans l’instant que les soldes de telle marque ont débarqué, d’être tenu au courant dans la minute de la dernière dépêche AFP, ou de savoir en temps réel chaque fois qu’une personne commente un de tes posts ? Même pour les notifications de mails ou de messages reçus, tu n’as probablement pas besoin de les recevoir en continu. Alors mieux vaut couper les notifications et prévoir des plages horaires pour te tenir au courant de toutes ces nouveautés, au moment que TU auras choisi.
  • Définir des plages horaires de déconnexion. Couper le wifi et se mettre en mode avion sur des plages horaires définies si le travail à accomplir ne requiert pas d’accès à internet (et qu’a priori, on ne risque rien à se rendre indisponible le temps de quelques minutes ou heures). Encore mieux : éteindre le téléphone voire le mettre dans un tiroir ou un placard pendant une durée déterminée. Si cela te semble difficile, commence par un temps court.
  • Ferme les onglets. Garde fermés tous les onglets des sites ou applis “sociales” qui s’actualisent en temps réel et que tu es tenté.e de consulter régulièrement : les réseaux sociaux pro et perso, les mails et autres messageries…
  • Pose des gardes-fous. Malgré toutes tes bonnes résolutions, tu as du mal à ne pas vérifier tes messages ou actualiser tes feeds toutes les 5 min ? Qu’à cela ne tienne, d’autres ont conçu des outils pour te tenir à l’abri en bloquant les sites voire les applis de ton choix. Il en existe au moins une dizaine. Si tu veux en tester un, on te conseille de commencer par Cold Turkey ou BlockSite

A lire aussi : Déconnexion : 8 conseils pour protéger son attention au travail

Maximiser le plaisir

Ajouter du fun

Tu as du mal à te mettre à une tâche parce que cela te barbe ?

Réfléchis à ce que tu pourrais faire pour prendre plus de plaisir à l’accomplir, pour la faire de façon plus ludique.

Par exemple : en mettant de la musique, en l’accompagnant d’une tasse de café ou de thé bien frais, en retrouvant un collègue ou une amie pour la faire ensemble…

La carotte

Le principe de la carotte est simple : se prévoir une récompense une fois la tâche accomplie.

Lorsque j’aurais fini cette tâche, je me ferai un café. Je lirais cet article qui m’intéresse.

Attention :

  • Bien choisir le type de récompense pour qu’elles ne soient pas, en elles-mêmes délétères ou qu’elles ne risquent pas d’alimenter la procrastination. Par exemple, si tu t’octroies 5mn d’Instagram toutes les 10 min, tu risques de te plonger dans la spirale des réseaux sociaux dont il est difficile de sortir
  • Il ne s’agit pas de se récompenser « avant », qui est une technique typique de procrastination (5 min et je m’y mets)

Lâcher du lest

Parfois, la procrastination est tout simplement le signal de trop plein, et qu’il est temps de lever le pied.

Dans ce cas, la meilleure chose à faire peut être d’appuyer sur pause, de souffler.

On l’a vu, une des explications à la procrastination est qu’on favorise naturellement le plaisir immédiat.

Les jours où on passe sa journée à céder à une succession de plaisirs coupables mais qui ne nous font finalement aucun bien – 5 min de Linkedin, 3mn à faire un café, 5mn à lire ses mails, on zappe d’une tâche à l’autre sans jamais réussir à s’y mettre – il peut être judicieux de s’autoriser un vrai moment de plaisir, de détente, assumé et suffisamment long pour recharger les batteries et en profiter sereinement.

Faire une vraie coupure : une sieste, une promenade, une heure de lecture…

On se sentira mieux, avec plus d’énergie. On aura fait plaisir à notre cerveau qui sera probablement plus disposé à accepter l’effort ensuite. Et on aura pris soin de soi.

A lire aussi : 16 idées pour une pause active et déconnectée au travail

Temporiser

Aïe, voilà, tu sens monter l’irrésistible envie de zapper vers une activité plus plaisante que celle sur laquelle tu es. Mais si, juste 2mn, pas plus.

Stop. Respire.

Donne-toi 10mn de plus : règle un minuteur pour dans 10 minutes, après si tu veux, tu peux changer.

Cela permet de mettre de la distance avec la tentation sans t’interdire complètement d’y céder. Tu verras bien, au bout de 10 minutes, peut être que tu n’en auras plus envie.

Rendre le résultat désirable

Souvent, on s’auto-flagelle en se disant qu’on manque de volonté. Certaines personnes semblent avoir une discipline à toute épreuve, une résistance aux tentations et une abnégation face à la pénibilité. En réalité, elles ont aussi, souvent, plus de clarté sur l’objectif et l’intérêt à l’atteindre et de facilité à prévoir les résultats à long terme.

Visualiser le succès

Savais-tu que le cortex cérébral est autant stimulé par la visualisation que par une situation réelle, ce dernier ne faisant pas la différence entre ce qui est réel et ce qui est imaginé ?

D’où le pouvoir de la visualisation.

Si tu as besoin de te reconnecter au « pourquoi » tu faire certaines choses, voici un exercice qui peut aider :

Imagine : tu as fini ce que tu devais faire. Tu te sens bien, satisfait.e de ton travail, tu as le sentiment de l’avoir bien accompli, d’en avoir fait assez, d’avoir été à la hauteur de la tâche.

Comment te sens-tu ?

Qu’est-ce que cela t’a apporté ? Qu’est-ce que cela t’ouvre comme perspective ?

Quelles émotions ? Quelles sensations ? Quelles récompenses (financières, peut-être, mais surtout en termes de reconnaissance, de réputation…) ? Quelles rencontres ?

Que peux-tu faire que tu ne pouvais pas faire avant ?

Tu peux visualiser tout cela dans ta tête, ou le dessiner, l’écrire.

Clarifier le résultat à atteindre

A quel moment pourras-tu dire « j’ai terminé cette tâche » ?

L’idée est de clarifier l’objectif mais de façon plus spécifique encore et en définissant des indicateurs précis et mesurables qui te permettront de valider cette tâche comme « Finie ».

A partir de ce résultat attendu, tu peux lister les actions à accomplir pour y parvenir.

Te fixer des échéances

Un des ennemis de la procrastination, c’est l’échéance floue voire inexistante, qui permet de repousser indéfiniment au lendemain sans qu’il n’y ait jamais de risque derrière.

A contrario, fixer une date butoir aide à prioriser la tâche et à la planifier en temps voulu.

Mais attention ! Il ne faut pas que cette échéance soit totalement arbitraire pour que ce soit efficace, sinon ce sera trop facile pour ton cerveau de passer outre. Au contraire, ce qui marche c’est de lui donner un sens : pourquoi cette date et pas une autre.

Ce qui peut aider, lorsqu’un projet ou une tâche n’a pas de deadline a priori évidente, c’est de s’engager publiquement

S’engager publiquement

Si tu sens que tu procrastines une tâche pour laquelle il n’y a pas de date butoir claire, d’élément de « pression » suffisant pour t’inciter à la faire, tu peux faire appel à la pression sociale.

Le principe : t’engager devant d’autres personnes à finir telle tâche à tel moment.

Tu peux l’annoncer à ton équipe ou manager ; à des prospects ou des partenaires ; sur les réseaux sociaux, par exemple, s’il s’agit d’une offre que tu as prévu de sortir ou d’un nouveau contenu, et proposer aux personnes cibles de le recevoir en avant-première

Abandonner

A un moment donné, si tu procrastines depuis des lustres sur des choses que tu dois faire, le moment est peut-être venu de te demander ce qu’ils font sur ta liste.

Peut-être qu’avec le recul, certaines tâches n’ont plus suffisamment d’importance, d’intérêt et que tu peux tout bonnement décider de ne pas les faire ?  

Ou peut-être que tu peux les déléguer ?

Ou les parquer dans une autre liste, la liste des choses pour plus tard qui n’ont pas de deadline, que tu mets quelque part pour ne pas les oublier mais qui ne font pas partie des « choses à faire actuellement ».

Trouver une oreille attentive

Le mode procrastination nous amène souvent à ruminer dans notre coin, à tourner et retourner une tâche dans notre tête pour savoir par quel bout la prendre, se remémorer pourquoi on doit la faire, trouver l’énergie de s’y mettre.

Parfois, le simple fait d’échanger avec une personne peut aider à débloquer, à sortir du flou, à mettre le pied à l’étrier.

A défaut d’une personne disponible, tu peux tester la technique du canard jaune en plastique :

Les développeurs de la Silicon Valley se sont aperçus que le fait d’expliquer à une tierce personne – qu’elle soit collègue ou inconnue – le code sur lequel ils travaillaient les aider à avancer dans leur travail. Or, peu importait la réaction de l’interlocuteur ou sa compréhension du sujet. C’était le fait d’en parler de vive voix qui était utile.

L’idée du canard en plastique viendrait du programmeur Greg Pugh : plutôt que de chercher une personne en chair et en os pour écouter ses avancées, il se baladait avec un canard en plastique disponible H24 pour l’écouter attentivement.

Si tu te sens bloqué.e, tu peux essayer à ton tour d’exprimer à voix haute ce qui se trame dans ta tête, à un canard en plastique ou tout autre objet qui te semble à l’écoute (plus facile si tu as ton propre bureau, ou si tu es en télétravail). Autre option : sortir faire un tour en te parlant à toi-même.

Adopter un mantra

Certaines personnes trouvent du réconfort dans l’adoption de mantra, de phrases qui soutiennent de nouvelles habitudes ou des changements de croyances.

Essaye aussi : trouve une phrase qui te fait du bien quand tu ressens l’urgence de procrastiner et note-là quelque part. Sur un post-it, un bloc-note…

Quelques exemples :

  • Mieux vaut fait, que parfait
  • Pire que l’échec c’est ne rien faire
  • Une idée n’a de valeur que si elle est mise en oeuvre
  • Ce que je fais maintenant, je n’aurais pas à le faire plus tard
  • Plus j’attends, pire ce sera
  • En faisant ce que j’ai à faire maintenant, je me rends service

A lire aussi : Croyances limitantes : quand nos pensées nous sabotent


Nous voilà au bout de la liste d’astuces et bonnes pratiques anti-procrastination.

J’espère que certaines auront fait tilt et t’auront donné envie de les tester.

Ce ne sont pas des recettes miracles. Derrière la procrastination, se cachent souvent aussi des sujets de fond qui vont au-delà de la procrastination, comme l’estime de soi, le rapport à l’échec et à la réussite, à la discipline et au temps en général…

Maintenant, je vais te faire un aveu : je bataille moi-même avec la procrastination depuis…mes années lycée, au moins.

J’ai testé beaucoup de choses. Ce qui m’a fait le plus de bien, c’est de l’accepter. Sans fatalisme, sans me dire ‘c’est comme ça et je ne peux rien y faire’, mais accepter qu’il y a certains aspects de ma personnalité, de mon mode de fonctionnement, de ma vision du monde et de mon rapport au travail et au temps que je n’ai pas envie de changer mais qui alimentent ma tendance à procrastiner.

Ce qui m’aide aussi, c’est de regarder en arrière, et de mesurer que, même si au quotidien j’ai souvent l’impression de pédaler dans la semoule, j’ai accompli beaucoup de choses dont je suis satisfaite aujourd’hui.

La procrastination fait, pour beaucoup, écho à cette idée bien ancrée que nos actions, nos accomplissements, sont le reflet de notre valeur. Nous vivons dans une société qui donne beaucoup d’importance au faire, à ce qu’on produit. Rien d’étonnant, par conséquent, que cela fasse naître toute une palette de réactions qui nous amènent à procrastiner.

Ce n’est pas qu’une question de personnalité, de force de caractère ou d’auto-discipline – c’est le reflet de notre culture et de notre société.

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