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2h chrono pour déconnecter (et se retrouver) : interview de Virginie Boutin

Virginie Boutin, coach professionnelle et co-fondatrice de Bloomr Impulse a co-écrit avec Fabienne Broucaret, fondatrice de My Happy Job, 2h chrono pour déconnecter (et se retrouver), un livre pour repenser son rapport au digital et réussir à débrancher suffisamment.

Un sujet d’actualité, puisque l’hyper-connexion représente un problème grandissant tant dans nos vies personnelles que professionnelles avec tout ce qu’il entraine de négatif sur notre bien-être physique et mental.

Ce n’est pas pour rien qu’une loi est passée en 2017 pour proclamer le droit à la déconnexion.

Virginie nous éclaire sur ce défi auquel beaucoup d’entre nous sont confrontés (et nous rassure au passage, car tout est fait pour que cela soit le cas !) et nous présente son livre qui se veut un guide pratique pour réussir à débrancher.

Cet interview est disponible sous deux formats : en podcast, dans son intégralité ou ci-dessous avec un résumé des meilleurs passages

Ecouter le podcast

Virginie, qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire sur ce sujet ?

C’est un sujet qui me tient particulièrement à coeur parce que j’ai toujours travaillé pour que le digital soit au service de la richesse humaine.
Ce qui a vraiment mis le feu au poudre, c’est la loi sur le droit à la déconnexion passée en 2017.

Les entreprises ont été obligées de regarder le sujet en face, notamment celui de l’équilibre vie pro/vie perso.
L’évolution du travail pose de façon très vive le sujet du rapport au digital et de quand est-ce qu’on s’arrête pour se reposer.
C’est urgent à plusieurs titres. A titre personnel, parce qu’effectivement quand on n’arrive plus a débrancher, il y a un danger de burnout (le grand mot a la mode, ça y’est je l’ai dit), de surchauffe mentale, de ne plus du tout réussir a prendre du recul par rapport à ces sujets et à sa propre vie et d’être surchargés d’informations textuelles et verbales.
Et à titre collectif et sociétal, le digital nous amène à avoir certains comportements répétitifs et à surdévelopper en nous le côté réactif au détriment du coté proactif, créatif, innovant etc

Ces comportements ont aussi un impact sur la concentration, la performance au sens large…

Tout à fait. Chaque fois qu’on répond à un mail, on met une vingtaine de minutes à se reconcentrer sur ce qu’on faisait auparavant. Un usage non conscient et non régulé du digital est extrêmement chronophage et contre-productif.

Quels sont les symptômes qui indiquent qu’il est temps de réagir ?

Paradoxalement, il s’agit de prendre conscience qu’on n’est plus conscient. Par exemple, par rapport a la chronophagie, c’est quand on prend conscience qu’on s’était dit “tiens, je vais me détendre 5mn sur Instagram” et quand on relève la tête on y a passé 40mn. C’est quand tout a coup on prend conscience qu’on vient de s’oublier complètement dans quelque chose de digital.
Autre exemple typique : on prend son smartphone pour envoyer un mail, là on reçoit une alerte sur Linkedin et sans même s’en rendre compte, on se retrouve à scroller sur Linkedin et quand on referme le téléphone, on a complètement oublié d’envoyer le mail.
Il y a un détournement de l’attention qui est très fort. Quand on se rend compte qu’on a fait quelque chose qu’on ne voulait pas faire ou pas fait quelque chose qu’on voulait faire, c’est le moment de se poser sérieusement des questions et de reprendre la main sur notre utilisation du digital.

Tout ça nous amène au livre que tu as co-écrit avec Fabienne Broucaret, 2h…, puisque l’objectif de ce livre est de repenser sa relation au digital. Peux-tu nous en dire quelques mots ?

On a vraiment choisi consciemment le “se retrouver” du titre, puisqu’on voulait justement jouer sur la double approche personnelle (se retrouver soi) et collective (se retrouver avec les autres) parce qu’un danger du digital est aussi de se couper de la socialisation.

C’était un grand plaisir d’écrire ce livre avec Fabienne Broucaret, parce que c’était une belle rencontre.

C’est un livre extrêmement pratique, ce n’est en aucun cas une série de leçons, d’ailleurs nous-mêmes nous ne sommes pas exemplaires sur ce sujet.
Ce n’est pas un livre de digital detox mais de digital régulation. C’est un livre dans lequel il y’a un peu d’auto-diagnostic pour savoir où on en est, à quel niveau d’addiction on en est et ce qu’on a envie d’en faire.

Et puis c’est un livre dans lequel il y a énormément d’exercices pratiques qu’on peut faire dans le désordre ou dans l’ordre, un livre ludique, coloré, illustré. L’idée c’est de lire des petits contenus qui nous éveillent, qui ramènent notre conscience sur ce rapport au digital, et de faire des exercices pour clarifier son rapport au digital et prendre des décisions.

Alors le 2h chrono c’est 2h pour lire le livre, 2h pour faire tous les exercices ou 2h par jour parce que c’est ce dont on a besoin pour se déconnecter ?

C’est une bonne question ! En fait c’est un livre qui fait partie de la collection “2h pour…” donc il faudrait demander à l’éditeur (éditions Dunod, ndlr). Ce que je dirais c’est que c’est 2h par jour qu’on récupère sur sa vie si on applique tout.

Tu soulignais tes propres batailles avec le digital. Quelle petite astuce appliques-tu qui marche bien pour toi ?

Pour moi ce qui marche c’est de couper le réseau. Très régulièrement, j’ai pris l’habitude de couper les données cellulaires, et le simple fait de savoir que mon téléphone n’est plus connecté au monde entier, ça m’apaise.

Comment expliques-tu qu’on n’ait pas la force d’esprit de s’auto-réguler sans avoir à
couper son téléphone par exemple ?

Comme tu dis, ça demande de la force d’esprit. Ça demande d’inhiber une partie de notre cerveau qui veut réagir. Parce que le digital, les applis, les notifs, tout est fait pour plaire à notre cerveau.

Ce n’est pas une théorie conspirationniste, ce que je veux dire c’est que notre cerveau, naturellement, est fait pour adorer le digital ou en tout cas pour ne pas pouvoir y résister. L’attrait de la nouveauté est absolument dingue pour notre cerveau, c’est un impulsion très forte à laquelle il faut résister, et résister demande de l’énergie, donc je préfère utiliser mon énergie à autre chose.

C’est donc un comportement tout à fait normal d’avoir du mal à résister et à déconnecter ?

Complètement normal. C’est un peu comme le sucre. On est aussi fait pour adorer le sucre parce qu’à un moment donné, c’était pénurique dans la nature et le cerveau avait besoin de sucre pour fonctionner donc quand il en trouvait c’était la fiesta. Mais on sait aujourd’hui que trop de sucre est extrêmement mauvais pour la santé, et en même temps c’est très difficile de résister à un bon carreau de chocolat.

Je préfère ne pas acheter de chocolat et éteindre les données de mon cellulaire.

L’interview bonus de Fabienne Broucaret


Fabienne, qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire ce livre ?

Tout d’abord, la déconnexion est un thème central du bien-être au travail, mon sujet de prédilection, et se trouve au carrefour de questions qui me passionnent : la conciliation vie pro – vie perso, la gestion du temps, les nouvelles manières de travailler… Ensuite, le digital a tellement envahi nos vies que je trouve indispensable de réfléchir à nos usages. L’idée était donc d’écrire un livre qui permettent des prises de conscience et apportent des solutions concrètes. Au moment où j’étais en train de réfléchir au projet de ce livre avec les éditions Dunod, j’ai rencontré Virginie et je suis persuadée que ce n’était pas un hasard !

Plutôt hyper-connectée ou débranchée ?

Plutôt une hyper-connectée qui se soigne ! Je travaille sur Internet donc forcément je suis beaucoup sur les réseaux sociaux au quotidien et, comme tout le monde, je croule sous les mails. Mon travail empiète parfois sur mes soirées, notamment via mon smartphone. Mais j’arrive très bien à débrancher le week-end ou en vacances heureusement

😉

Qu’est-ce qui marche bien pour toi pour te déconnecter ?

Pour travailler en étant concentrée sur un article ou une présentation, je ferme désormais les onglets Internet des réseaux sociaux sur mon ordinateur. J’avais tendance à les laisser ouverts et à jeter un oeil dès qu’une notification apparaissait, une vraie perte de temps et d’efficacité ! J’essaie aussi de m’assurer des temps de déconnexion réguliers dans ma journée : dans les transports en commun (je lis au lieu de surfer sur le net ou de répondre à des mails), quand je sors mon chien (j’observe la nature autour de moi), quand je suis à table, quand je joue avec mes enfants… Autant d’occasions où je laisse mon téléphone hors de ma vue !

2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)

par Virginie Boutin, Fabienne Broucaret

paru le 16 mai aux éditions Dunod

Disponible ici.

A lire aussi : Déconnexion : 8 conseils pour protéger son attention au travail

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